Obsession
- NH
- 5 janv. 2020
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 janv. 2020
Elle gesticulait beaucoup mais elle parlait peu. Elle était méticuleuse dans tout ce qu’elle faisait. Elle sortait tous les mercredis après-midi pour aller à l’épicerie. Sa maison était à deux pattées de la mienne. Je l’épiais souvent, elle était devenue mon obsession. Elle n’était pas particulièrement jolie, C’était une brune aux yeux gris. Son regard était superflu. Je n’arrivais pas à la comprendre. J’en étais malade. C’est fou !
Moi, à l’école, j’étais le meilleur, personne ne m’égalait. J’arrivais à tout comprendre ; mieux que les professeurs quelques fois. La vie pour moi était tellement simple et sans grand mystère. J’arrivais à comprendre les gens. Leur attitude, ou avoir une explication plus ou moins plausible de leurs comportement. A l’école, je n’ai jamais eu d’amoureuse. J’arrivais à comprendre les filles. Cela ne me donnait pas envie d’être avec une. Tout était trop simple à mes yeux. C’était fou.
Ughh !!! Elle m’obsède.
Elle était bipolaire. Elle aimait la lecture. Mais ça n’était pas son passe-temps. Son passe-temps, c’était la photographie. Elle avait la joie de vivre, mais quelques fois je la voyais déprimée. J’ai enquêté sur son enfance. J’ai réussi à savoir qu’elle avait des parents. Des gens bien. Mais que quatorze était le nombre de ses tentatives de fugue et quatre ses fugues. Elle faisait de la gymnastique, Elle était apparemment la meilleure de son groupe, Elle était aimée, intelligente, chérie mais par-dessus tout, incomprise. Elle a essayé de se suicider une fois mais c’était raté. Elle a eu cinq copains en un mois lors de ses 15 ans. Entre ses quatorze et dix-huit ans, elle en a eu vingt et un. Elle prenait plaisir à leur briser le cœur. Elle était gentille, mais sadique par intervalle. Elle avait besoin de compréhension.
J’avais une passion pour les expressions faciales, la psychologie et tout ce qui y avait un rapport direct ou indirect. Je l’ai rencontré à l’université, ma première année d’étude, elle avait choisi la même option que moi. Mais au milieu de l’année, elle a abandonné, elle voulait devenir prof subitement. On était assez proches. Elle était ma copine. Je voulais l’étudier et elle voulait me briser le cœur. J’étais le meilleur de la classe et elle, la meilleure de la classe. Le plus souvent, je faisais de meilleures notes qu’elle, j’en étais fier, et elle trouvait mon comportement hyper sexiste. Elle disait ne pas avoir besoin d’un homme pour avoir une vie complète. Elle détestait recevoir de l’aide, principalement, de l’aide venant d’un garçon. Je croyais la comprendre, je croyais lire en elle comme dans un livre ouvert. Je découvris que je m’étais faussé lorsqu’elle me quitta, elle m'explique certaines choses sur elle. Ce n’était que le huitième de ce que j’ignorais d’elle. Elle avait pris mes photos depuis que j’étais en terminale à mon école. Je ne la connaissais pas, mais elle voulait déjà me briser le cœur. Elle prenait des images au hasard d’écoliers. Elle avait tout planifié depuis. A partir de ce jour, Ana m’obsède.
En faisant trop d’investigations sur elle, en l’épiant trop souvent, en la suivant partout pour avoir une explication( j’en étais maniaque), j’ai fini par me faire arrêter. Elle m’a dénoncé à la police en tant que harceleur, les preuves étaient trop évidentes.
Ana a mené trois de ces ex au suicide, a fait arrêter douze y compris moi, les autres ont disparu.
Je devrais arrêter de penser à elle. Non. Je rassemble des explications pour la comprendre et quand je sortirai d’ici, je les brandirais devant elle et lui dirai à haute voix : Tu n’es pas l’exception, bien que tu aies été mon obsession, je te comprends. Enfin tu es comprise, Ana. Enfin !
Maikhena Ronive Pierre-Louis
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